GALERIE KYEPER

Mocellin Nicole

Née en 1949, habite actuellement à Chichilianne où se trouve également la Galerie Kyeper. Originaire de la région lyonnaise, Nicole Mocellin, oriente très tôt sa vie vers la peinture. Elle étudie le dessin et la peinture aux cours du soir de l’Ecole des Beaux Arts de Lyon, avec pour professeurs Jean-Jacques Tarrare et Paul Clair. La création artistique devient peu à peu pour elle synonyme d’approfondissement spirituel, dans le sens large de chemin vers soi, vers le Soi.

 


 

article du 27 mai 2019

La déprise de vue

 

Au coeur du Trièves, dans sa merveilleuse galerie de Chichilianne (comme on aimerait en voir à Grenoble et comme, hélas, on n’en voit guère), Nicole Mocellin expose des toiles vouées à la lumière.

 

Se laisser traverser par le monde. Être infiniment petit dans l’infinité du monde. Mais y être. Être dans cette infinité-là. Quand certains s’en tiennent à la prise de vue (comme on parle de la prise de la Bastille ou de la prise de Constantinople), Nicole Mocellin s’adonne, elle, à la déprise de vue. Elle ne prend rien. Elle donne. Elle s’adonne au don. Sa peinture est un acte de grâce. C’est un exercice d’émerveillement. Elle rend grâce de la merveille du monde. Elle rend au monde ce que le monde lui donne. Elle essaie de donner autant qu’elle reçoît. Sa peinture baigne dans la lumière universelle. La lumière baigne l’espace de ses tableaux. Ses tableaux ne montrent rien : ils ne sont faits que d’espace et de lumière. Ils ne sont victorieux de rien, ne se revendiquent d’aucune conquête, ne se vantent d’aucune prise de guerre (ni, donc, d’aucune prise de vue). Ils se laissent habiter par le monde. Ils sont au monde. Ils viennent au monde comme on le dit d’un nouveau-né. Ils naissent et rejoignent le monde dans son ouverture et sa lumière.

 

LA VAPORISATION DU MONDE

À la fin des années 1950, quelques jeunes artistes (dont Frédéric Benrath et René Laubiès), lassés se l’abstraction géométrique autant que de l’expressionnisme abstrait, se regroupent autour du critique Julien Alvard, pour fonder le « nuagisme ». Sans vouloir établir de parallèle abusif, on admettra volontiers que Nicole Mocellin pourrait se revendiquer de cet héritage-là. D’apparence informelle (encore qu’il y faille quelques précautions de langage, comme on le verra), sa peinture nous rend témoins de la vaporisation du monde. Tout n’y est qu’évanescence et pulvérisation. Sur des jus et des glacis (beaucoup de tonalités bleues, voire mauves et violettes, traversées de rouge sous-jacent), l’artiste dépose délicatement de légers poudroiements de pigments et d’infimes touches d’or.

 

ARCHES ET COLONNES

Dans ces masses nébuleuses, Nicole Mocellin esquisse cependant les prémisses d’une structuration, si ce n’est géométrique, du moins architecturale –arches, murs, colonnes. Parfois, d’ailleurs, une zone verticale au ton plus blanchâtre s’installe comme un axe de symétrie, une colonne vertébrale justement. Il arrive aussi que l’espace pictural, à l’exemple de Paul Klee, s’anime d’une danse de signes abstraits ; écritures cunéiformes, ou rangées d’arbres, ou prairies de graminées. Souvent, une lune discrète surplombe le tableau. Comme une présence. Présence du monde, dans ces tableaux qui sont toute présence au monde.

                                                                                                                     Jean-Louis ROUX

 

à propos de l’exposition : « l’autre rive de l’Hadès » en juin-juillet 2019

 


 



Exposition permanente à la Galerie AndersenArt à ESPERGAERDE (Danemark) de 2003 à 2013
Exposition collective à COPENHAGUE, galerie Lisse Bruun en janvier 2004
Exposition personnelle à AVIGNON, à « l’ Espace Gaillane » en septembre 2002
Exposition personnelle à CORENC (Isère) à « La Condamine » du 26 septembre au 15 octobre 2001
Exposition personnelle au « Jardin secret » (LYON) en 1996
Participation au « Salon du Sud-Est » (LYON) de 1979 à 1985